300 kilomètres de piste en plein désert
A la sortie de Merzouga, au lieu de continuer sur la route nous nous engageons donc sur la piste qui nous mènera au coeur du désert, à travers des paysages incroyables… Difficile de trouver les mots pour décrire l'immensité des espaces que nous traversons. Une minute nous avons l’impression de rouler sur la Lune, et la suivante nous sommes sur Mars… Trouver un arbre est un challenge, mais nous ferons malgré tout notre pause déjeuner à l’ombre. Une bande de 4x4 suréquipés passe devant nous dans un nuage de poussière et nous sommes obligés de nous jeter sur la nourriture pour la protéger du sable!
Après avoir traversé un lac asséché, expérience de conduite absolument unique, où la piste n’est plus qu’un dessin sur notre carte, nous devons naviguer au cap pour trouver notre chemin. Le sable se fait de plus en plus profond et nous sentons les pneus s’enfoncer et la voiture ralentir de façon alarmante… C’est à ce moment là que nous croisons les 4x4 dans l’autre sens, qui abaissent leur vitre pour nous informer que plus loin c’est encore pire et qu’ils ont du sortir les treuils pour tirer l’un des véhicules qui s'était complètement ensablé. Vu comme ils sont équipés, nous comprenons que si eux ne sont pas passés, nous ne risquons pas d’y arriver et faisons donc demi tour pour les suivre jusqu’au village le plus proche.


Nous avons été vraiment très chanceux sur ce coup là. Si nous avions dû continuer pour nous ensabler la voiture plus loin, nous n’aurions jamais eu assez de gasoil pour faire demi tour… Cela nous servira de leçon, et nous apprécions donc particulièrement nos éclaireurs! De retour au village, nous sortons les cartes et les gps pour tenter de trouver un autre passage. Enfin, l’un des membres du groupe nous demande avec quel gps nous naviguons et nous le sentons un peu moqueur quand nous lui avouons utiliser l’application maps.me. N'empêche que la carte est hyper précise et que nous avons même un itinéraire alternatif! Les villageois, pour le coup pas particulièrement aimables, nous proposent de nous guider moyennant beaucoup d’argent. Pas moyen de négocier, nous refusons donc et décidons de tenter notre chance.
Au moment de repartir nous sommes rejoints par un cinquième 4x4, un couple de français qui vivent à Casablanca et explorent le Maroc pendant leurs week-ends et vacances. Ils ne sont pas particulièrement équipés pour le tout-terrain et sont donc ravis de se joindre au groupe! C’est parti pour le contournement de la zone ensablée. Nous suivons l’oued asséché sur plusieurs kilomètres puis le traversons pour ressortir de l’autre côté et rejoindre la piste… Il y peut-être moins de sable, mais cela reste limite et si nous parvenons finalement à passer, c’est de justesse!


Le groupe qui avait fait demi tour nous lance une bière fraîche pour fêter ça et trace sa route. Nous restons en arrière avec les français, Mahbouba et Olivier, avec qui nous nous découvrons une passion commune pour la recherche de cailloux et de fossiles (on peut y passer des heures, ce pays est un paradis pour les géologues en herbe!). Nous continuons donc notre route avec eux et ne résistons pas à l’envie de nous arrêter dans l’auberge qui porte le nom de Dinosaur KemKem, et se dresse en plein milieu de nulle part. Le propriétaire nous accueille avec un sourire qui menace de lui fendre le visage tellement cela lui fait plaisir de nous voir… Plaisir partagé, pour sur, surtout quand le tajine géant qu’il nous a préparé arrive sur la table!
Le soir venu, la traditionnelle tempête de sable se déchaîne alors que nous sommes déjà couchés et nous sommes contraints de replier le bas de la tente (la partie amovible dans laquelle Ebi dort) en catastrophe, une fois de plus… Nous avions l’espoir que les murs de l’auberge nous protégeraient, mais visiblement rien n’arrête le vent du désert!!
Le lendemain nous rejoignons Zagora sans encombre, avec des étoiles plein les yeux… Le retour sur la route goudronnée est une punition après cette piste de fou, et nos co-pisteurs, du même avis, repartent pour de nouvelles aventures alors que nous empruntons la Vallée du Drâa pour rejoindre l’Atlas une nouvelle fois…

